Fanfiction StarCraft II

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Duel

Par Synwyn
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Duel

Réminiscence

Bloodbath

Le Marine observait les étoiles d'un air absent. Le spectacle qu'offrait cette nuit-là la voûte céleste aurait coupé le souffle à n'importe quel astronome du XXème siècle. Et pour cause : aucune des constellations qui scintillaient dans l'océan noir telle une myriade de perles dans un écrin d'ébène ne lui aurait été connue. En effet, aucune n'était visible depuis le système solaire terrien. Car la petite planète désertique, avant-poste perdu aux limites des territoires du Dominion, n'appartenait pas aux humains terriens. Elle était sous la main des Terrans - et la distinction était vraiment très importante. Plusieurs années lumières d'importance.

L'homme inspira profondément, avant de relâcher une longue bouffée de fumée de cigare. La nuit était tellement calme et silencieuse qu'il se contentait d'observer le ciel, non pas par une quelconque recherche artistique de la beauté stellaire mais parce que depuis le temps qu'il les observait, il finissait par voir des silhouettes de femmes s'y dessiner - des brunes, des blondes, des rousses. Sanglé dans son imposante armure de combat CMC-300 peinte en rouge et assortie de nombreux dessins personnels, le Marine avait vu défiler les années dans cet avant-poste moisi. Il avait servi la Confédération, avant de plus récemment retourner sa veste pour le Terran Dominion, comme la majorité de ses camarades. Et pour être tout à fait honnête, la seule différence que cela avait fait pour lui était le temps qu'ils avaient passés à repeindre le matériel militaire de l'avant-poste en rouge.

Le Marine cracha le mégot de son cigare, et prit à la main son fusil gauss. Il fit quelques pas en longeant le mur d'enceinte, éclairé par les lampes disposées à intervalles réguliers. De la musique country se faisait entendre au loin, venant probablement de la Caserne. Les autres soldats de l'escouade devaient jouer au poker en se sifflant des bières, comme tout les soirs. C'était la routine. L'ennuyeuse routine ... L'homme commença à bailler, les yeux fermés.

Il ne termina pas. Il ne pouvait plus bouger. Il ne bougerait plus. La force invisible qui lui avait saisie brusquement le cou pour y imprimer une vive torsion s'en était assuré, le soldat était mort proprement et silencieusement. L'air vibra en face de l'armure de combat désormais inanimée, et peu à peu une silhouette fine s'y matérialisa. D'abord de façon imprécise, comme si elle était éthérée, puis plus visiblement après quelques secondes. Le tueur était visiblement une femme - malgré son armure pectorale et ses brassards de protection, la combinaison moulait ses formes avec précision. Elle portait une paire de lunettes de vision nocturne et un masque à gaz, qui lui couvraient tout le visage et lui donnaient un air inquiétant dans l'obscurité. Un imposant fusil de précision était accroché dans son dos, et elle faisait craquer les articulations de ses phalanges, avec un geste qui prouvait qu'elle avait l'agilité nécessaire pour avoir tordue le cou du Marine.

Le Ghost porta ses mains à sa tête, pour défaire les sangles de son masque et le retirer. Ce faisant, elle révéla un visage surprenant et inquiétant. Sa beauté juvénile indiquait qu'elle devait n'avoir qu'une vingtaine d'années. Ses cheveux roux étaient coiffés en une courte queue de cheval, et son visage était parsemé de taches de rousseur. Ce qui était effrayant, c'était que son visage ne reflétait pas la moindre émotion : ni la joie de la victoire, ni le remord d'avoir enlevé une vie ne s'y faisait voir. Seuls, ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante et prouvaient qu'elle était plus vivante que le soldat qu'elle venait de tuer. Sa respiration était lente, son rythme cardiaque faible. Le programme Ghost de la Confédération avait fait d'elle un monstre; elle y avait été entraînée, qu'y pouvait-elle ?

La jeune femme leva son poignet, et observa son chronomètre. Elle avait nettoyée l'avant-poste dans les temps, la mission était terminée. Elle avait tué tout les hostiles, même si cela n'aurait pas forcement été nécessaire. Mais les ordres du capitaine Johnston n'ayant pas spécialement signalés de ne tuer QUE les hommes chargés de la surveillance radar, elle avait pris sur elle de le faire. Elle n'était pas là pour réfléchir. Elle n'avait pas été créée pour ça.

Les défenses anti-aériennes étaient coupées, la voie était donc libre pour les escadrons de raiders du Merrimack II, le vaisseau-amiral des Delta Avengers. La bande de pirates luttant contre le Terran Dominion et essentiellement formée d'anciens soldats confédérés de l'Escadron Delta. Ils allaient fondre sur le dépôt de matériel terran par ce vecteur aérien désormais sans surveillance, et ils auraient l'effet de surprise.

Sans se poser de question, la Ghost alluma sa balise. D'ici quelques dizaines de minute, un Dropship viendrait la chercher. On la féliciterait sans doute pour son action, mais elle s'en fichait. Elle n'avait pas été formée à être félicitée.

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La jeune femme était maintenant assise en tailleur sur un rocher, son fusil Canister à ses côtés. Elle fixait le ciel, et en particulier une étoile un peu plus brillante et un peu plus mobile que les autres. Ça y est, l'attente était terminée. La Ghost éteignit son baladeur, stoppant le flot de musique rock qui se déversait dans les écouteurs de son casque-radio. Elle avait été forcée de bidouiller ça, car elle n'emportait pas d'effets personnels. Les Ghosts n'avaient pas d'effets personnels.

Elle se releva, alors que le point lumineux grossissait et commençait à se faire entendre. Les Dropships de la flotte Terran n'étaient pas spécialement connus pour leur furtivité, et celui-ci se contentait de faire un bordel monstrueux, comme tout les autres. Le commando dégaina une balise, et l'alluma pour se faire voir. Le bâton fuma, avant d'émettre une vive lumière rouge. Le pilote la repéra, et entama sa phase d'approche. D'ici quelques secondes, il serait posé.

Soudainement, elle sentit l'air changer. Il venait de se charger d'agressivité. En jurant, la jeune femme sauta à terre avant de repasser ses lunettes de vision nocturne. Elle avait sentie l'intention de tuer, quelque part dans la base. Ses talents psychiques l'avaient avertie. Le pilote du Dropship n'avait pas cette chance - un claquement électromagnétique retentit, et une fusée fila à toute vitesse vers le vaisseau. Une explosion, puis le transport chuta lourdement à terre, complètement privé d'énergie, ses moteurs éteints. Il n'explosa pas, car il avait été sur le point de se poser avant de prendre le Verrou de plein fouet. Tout son matériel électronique était hors d'usage.

Bon sang, comment avait-elle pût le rater ? Cela devait faire une heure que le Ghost ennemi l'avait repérée, et il s'était contenté de jouer avec elle, lui aussi caché dans l'obscurité, pour attirer dans son piège les gens qui seraient venus la chercher. Et maintenant, il allait venir pour elle.

Pas si sûr. Elle n'avait que quelques secondes, mais elle pensait pouvoir le faire. Maintenant que le sniper ennemi avait tiré la roquette EMP sur le transport, il allait lui falloir une infime pause pour préparer un tir de précision. En tirant le premier, il lui avait donné l'avantage - sa signature psychique serait plus visible, plus brillante, car il s'était concentré pour son tir. Elle mit l'oeil à la mire, et le repéra. Une mince silhouette, semblable à elle, qui commençait déjà à disparaître tel un vrai fantôme. Elle porta le doigt à la gâchette, et tira.

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La jeune femme était agenouillée près du corps. Celui-ci respirait avec difficulté, et le sifflement qu'en émettait son masque à gaz aurait crevé le coeur à n'importe quel médecin. La balle lui avait perforé le ventre, il n'en avait plus pour longtemps. L'homme à terre la regardait, et montrait le même visage anonyme qu'elle, le visage des soldats commandos Terrans : un masque, et des lunettes. Il en perdait toute humanité, la face ainsi cachée, mais la jeune femme s'en fichait. Elle le reconnaissait à son esprit, elle l'avait déjà sentie il y à de cela quelques années. Le jeune homme avait approximativement le même age qu'elle, et il avait subi les mêmes terribles épreuves, les mêmes horreurs. Elle ne savait pas son nom, mais elle savait qu'il était lui aussi passé par l'Académie Ghost de la Confédération. Son esprit en portait les cicatrices. Il était comme un frère, pour elle. Il était elle, car ils n'avaient pas d'identité.

La jeune femme se releva, et se retourna. Son adversaire venait de périr suite à ses blessures, blessures qu'elle lui avait infligée. Il était temps d'aller chercher le pilote du Dropship (elle avait sentie son esprit dans la carcasse, elle savait qu'il respirait encore) et de se trouver un transport pour rejoindre les raiders des Delta Avengers. Un Vautour, par exemple, ça serait chouette. Elle aimait les Vautours.
Ils venaient pour elle, la jeune fille le savait. Les gens qui frappaient avec force à la porte et criaient.

Elle était assise sur le sol carrelé de la cuisine du petit appartement. Dos à un placard, recroquevillée sur elle-même, elle avait posée sa tête contre ses genoux, qu'elle avait ensuite liés avec ses bras. Elle n'était vêtue que de son pyjama vert pomme, et elle avait froid aux pieds, car elle ne portait pas de chaussons. Sa Maman lui disait toujours de mettre ses chaussons, car sinon elle attraperait froid. Mais cela n'avait plus d'importance, car Maman n'était plus là.

La jeune fille soupira, et releva la tête. Son visage juvénile était constellé de tâches de rousseurs, et des larmes coulaient de ses beaux yeux émeraude. Ses cheveux roux cascadaient contre son dos, de manière désordonnée. Elle ne s'était pas coiffée depuis plusieurs jours. A douze ans, elle savait depuis longtemps se coiffer toute seule, mais cela n'aurait servi à rien car de toute façon Papa l'avait frappée. Plusieurs fois.

Finalement, les messieurs dehors arrêtèrent de crier. La jeune fille était polie, elle serait normalement allée leur ouvrir. Mais elle avait peur, peur de voir Papa dans le salon. Il y était depuis ce matin, immobile. Et parmi les messieurs dehors, quelqu'un la terrifiait, sans qu'elle ne sache pourquoi. Il était comme vide, du moins c'était la seule manière qu'elle avait pour exprimer ce qu'elle ressentait. C'était ridicule, elle était une grande fille et n'avait plus peur du noir depuis longtemps, mais c'était comme ça.

La porte de l'appartement craqua brusquement, et des lourds bruits de bottes blindées commencèrent à raisonner avec fureur dans l'appartement. La jeune fille savait pourquoi les pas étaient si imposants : c'était le Marines Corp. qui venait; ils devaient être vêtus de leurs belles armures de combat. Elle le savait, elle dévorait les films de guerre produits par la Confédération depuis plusieurs années.

- Okay, les gars, v'la le padre ! Trouvez la gamine illico ! brailla une voix forte, qui venait du salon.

L'appartement était petit, car la capitale de Tarsonis était fortement peuplée, et le loyer n'était pas donné. Les soldats ne mirent que quelques secondes à fouiller le logement, avant d'arriver dans la cuisine. La jeune fille observa le colosse en armure CMC-300 qui pénétra dans la pièce en enfonçant la porte d'un coup d'épaule, armé de son fusil Gauss. La visière polarisée de son casque était relevée, et masquait son visage. Il portait les insignes de l'Escadron Delta, les défenseurs de Tarsonis. Il dépassait largement les deux mètres de hauteur, et semblait rétrécir par sa simple présence la taille de la cuisine.

Le Marine cria à ses camarades de le rejoindre, et il envoya violemment voler la table qui occupait le centre de la pièce contre le mur avec un coup de pied, la fracassant avec grand bruit. Il n'y avait désormais plus rien entre la jeune fille et lui, et il la braqua de son Empaleur C-14. Un tel déploiement de force, une telle disproportion entre l'homme et la fille étaient parfaitement ridicules, mais c'était comme ça qu'opérait la Confédération. Qu'elle avait toujours opérée.

La petite rousse se replia sur elle-même, apeurée. Elle ne voulait pas mourir, même si elle était très très triste, et très fatiguée aussi. Malgré ses yeux fermés, elle sentit le vide entrer dans l'appartement d'un pas calme, et se rapprocher d'elle. Le silence se fit dans son esprit, et elle ne rouvrit les yeux qu'une minute plus tard, pour fixer les bottes en cuir noir de la personne vide. Elle releva légèrement la tête, pour observer de front ce qui lui faisait tellement peur. L'homme ressemblait presque à un croque-mitaine, engoncé dans son pardessus de cuir noir, le visage caché entre ses épaulettes et sa casquette d'officier militaire. Il avait les bras croisés dans le dos, et lui aussi l'observait, silencieusement.

Le visage de l'homme vide n'était pas effrayant. Il était en fait totalement neutre, ne reflétant aucune émotion. Mais alors que l'homme la détaillait des pieds à la tête, la jeune fille se sentit comme remuée, son coeur s'emballant. Elle avait l'impression que quelqu'un était en elle, la fouillant de fond en comble pour s'emparer de son esprit et de son âme.

 C'est elle. Elle est bien psychique. Emmenez-la.

La voix de l'homme était exactement comme son visage : neutre. Elle déclenchait néanmoins des tremblements en elle, sans que la jeune fille ne puisse dire si c'était la voix elle-même ou ses propos. Elle entendit le Marine acquiescer, et le vit dégainer un pistolet étrange, avant de le pointer vers elle. La seringue hypodermique fut tirée sans qu'elle ne puisse réagir dans sa jambe, et la jeune fille en tomba presque immédiatement inconsciente. La dernière vision qu'elle eut, tandis qu'elle sentait ses bras tiré par le soldat à travers l'appartement, était son Papa allongé dans une flaque écarlate, au milieu du salon. Son visage était couvert de sang, la bouche ouverte en un éternel cri silencieux. Dans ses mains, il tenait encore le téléphone familial et le pistolet qu'il avait appliqué à sa propre tempe pour y faire un trou, afin de laisser échapper les visions. Les cauchemars.

*
**
L'adolescente était nue, son corps aux formes qui ne commençaient qu'à peine à se développer couvert d'une simple feuille de papier stérile. Elle ne pouvait toutefois pas le voir, car dès qu'elle essayait d'ouvrir les yeux, elle étaient aveuglée par la lumière qui venait du plafond. Cette lumière était si blanche, si vive, qu'elle la voyait même à travers ses paupières fermées.

Elle tenta de bouger la tête, même si cela lui prenait déjà trop de ses maigres forces. Son crâne ne râpait pas contre l'appui-tête du lit, car il avait été totalement rasé, pour le bienfait de l'opération. Mais la couleur de ses sourcils et les tâches de rousseurs qui parsemaient son visage permettaient de déduire sans trop d'imagination qu'elle avait dû être rousse. Lorsqu'elle essayait de bouger ses bras ou ses jambes, l'adolescente ne pouvait sentir qu'un léger tiraillement, avant qu'elle ne doive abandonner. Était-elle attaché ? Elle avait l'impression de sentir des câbles de plastique se frotter contre ses membres.

L'air ici était froid, et sans odeur. Il devait être recyclé par le système de climatisation de la pièce. Ses pensées n'étaient pas très claires, mais elle commençait peu à peu à se réveiller. Elle entendait des bruits de pas, et sentait la présence discrète de quelqu'un à ses côté. Le griffonnement d'un stylo à encre sur du papier, puis le bruit d'un objet métallique saisi sur un plateau. La personne était concentrée, comme si elle était sur le point de commencer quelque chose d'important. Finalement, après un marmonnement, elle entendit l'homme - elle était sûre que c'était un homme - s'approcher.

Soudainement, la lumière sur ses paupières disparût. Éberluée, l'adolescente rouvrit les yeux, avant de crier de terreur. Un homme au visage caché par un masque médical était penché sur elle, un scalpel à la main, qu'il approchait de son oeil gauche. Il était vêtue d'une blouse blanche, et portait des gants d'opération. Elle avait peur, peur, et désira frapper l'apparition de toutes ses forces, même si son corps était trop faible pour.

Malgré cela, elle semblait avoir réussi. L'homme recula en grognant de douleur, en se prenant le visage à deux mains, comme s'il était pris de violents maux de tête. Il jura, et frappa du poing un gros bouton rouge sur le mur. Instantanément, l'adolescente sentit un flot de drogues couler dans ses veines, et elle perdit tout moyen de mouvement, tout moyen de penser. Elle n'était plus qu'une statue, consciente et respirant, mais ne pouvant même pas détourner le regard de l'homme qui s'approchait à nouveau d'elle, le scalpel à la main.

- Espèce de petite salope, moi qui voulais réaliser la transplantation sans te faire mal, tu va voir !

*
**

La jeune femme cria dans son sommeil, alors qu'elle se réveillait en sursaut, le corps trempé de sueur. Son entraînement reprit toutefois immédiatement le dessus, et elle arrêta tout bruit. Elle mit alors encore une bonne vingtaine de secondes à reprendre totalement ses esprits. Vingts secondes de panique, de confusion mentale et de souvenirs flous. Elle regardait les alentours d'un air méfiant, s'attendant à voir le cadavre de son père ou le scientifique au scalpel dans chaque coin.

La chambre était plongée dans le noir, la seule source de lumière étant la petite lumière vert pâle au dessus de la porte de sa cabine. Malgré ça, la jeune femme voyait parfaitement, même si tout était en noir et blanc. La cabine était d'une propreté chirurgicale, tout étant rangé à un emplacement précis. Elle se frotta les yeux, ses yeux qui n'étaient pas les siens, et se rendit compte que ses mains étaient totalement sèches, même si son corps aurait dû instinctivement produire au moins quelques larmes, pour humidifier ses pupilles. Elle n'était même pas sûre d'encore avoir la capacité physique de les produire.

Même ici, dans les quartiers d'habitations au coeur du Cuirassé des Delta Avengers, les ronronnements entêtants des moteurs se faisaient entendre en permanence. Cette régularité la réconfortait quelque peu, et elle resta ainsi plusieurs minutes, sous la couette de sa couchette, à simplement écouter le bruit, à ressentir les infimes vibrations. Elle se sentait entourée des esprits de l'équipage du Merrimack II, que ça soit la faible présence endormie des Marines ou la lueur attentive des navigateurs du vaisseau. Ils étaient des centaines ici, réunis dans une promiscuité effarante. Mais cela la rassurait, au moins elle n'était plus seule. Et parmi cette myriade d'esprits Terrans, elle était même habituée (attachée était un mot bien trop fort par rapport à ce qu'elle pouvait ressentir) à certains d'entre eux, comme par exemple au journaliste confédéré Kévin Montgomery.

La jeune femme finit par se lever, et resta longtemps sous le jet d'eau de la minuscule douche de la cabine. Elle était adulte maintenant, fine et belle, le corps sculpté par son entraînement militaire. Soignée par les séances répétées de cuves nutritives, sa peau ne présentait plus les traces des opérations chirurgicales qu'elle avait subie. Une fois propre, elle entreprit de coiffer ses cheveux roux - ils avaient repoussés, avec le temps - en une simple queue de cheval. Son visage ne reflétait plus aucune émotion, ses yeux émeraudes scintillant d'une manière étrange. Puis la jeune femme revêtit sa combinaison sensitive grise et blanche, combinaison qui lui moulait ses formes de façon gênante. Mais une fois l'armure de camouflage thermo-optique Moebius passée par dessus, la jeune femme avait tout l'air d'une guerrière prête à en découdre, mortelle et sans remords.

Elle s'étira, en faisant quelques moulinets de bras dans le vide, pour être sûre que sa combinaison ne la gênait pas et que son armure était bien sanglée. Elle faisait toujours tout de manière professionnelle, pour être au top de ses capacités. Elle resta encore la quelques minutes, à faire des mouvements de gymnastique, pour se réveiller le corps et l'assouplir, puis elle prit son casque radio pour le poser sur ses oreilles. Elle n'aurait pas besoin de ses lunettes de vision augmentée ni de son masque à gaz aujourd'hui.

Une nouvelle journée venait de commencer pour la Ghost.
Le Terran frissonna sous son bête gilet pare-balle. Dans une galaxie d'armures de combat perfectionnées, de griffes de chitine tranchantes comme des rasoirs et de pouvoirs psychiques démesurés, c'était la seule dérisoire protection qu'il portait sur lui. Il n'était même pas armé, ne sachant pas s'il aurait le cran d'utiliser à nouveau une arme à feu contre un autre être humain.

Kévin Montgomery. Le nom d'un journaliste Tarsonien ayant anciennement travaillé pour la Confédération Terran. A l'instar d'un de ses collègues, le désormais célèbre Michael Liberty, l'homme avait été reporter pour Universal News Network, l'organe de propagande du gouvernement. Et contrairement à son estimé frère de plume, Montgomery n'était pas depuis devenu un héros. Il avait assisté impuissant à la chute de son foyer contre les millions d'envahisseurs Zergs, leur venue provoquée par les terroristes des Fils de Korhal. Guères d'autres choix alors que d'embarquer sur un des rares navires à avoir eut la clairvoyance de fuir les lieux avant de rencontrer leur destin. Le scribouillard vivotait maintenant en couvrant les actions des Delta Avengers, le nom donné au groupe de survivants à avoir fui avec lui. Pas du grand journalisme, mais son travail était de toute façon destiné à des oreilles maintenant sourdes ou mortes. Il n'avait d'autre optique que de lutter comme il le pouvait contre ces saletés de rouges, qui avaient ruinés sa vie.

Son gilet militaire, enfilé à la hâte, jurait avec les lunettes de vue et la petite barbichette qui lui donnaient habituellement l'air négligé de ceux qui se concentrent plus sur les faits que le protocole vestimentaire (alors que sa pilosité était au contraire entretenue pour donner cet effet). Avec ses cheveux bruns courts et son air rassurant, Montgomery transportait avec lui une certaine aura de confiance, celle qui vous donnait l'impression d'être avec quelqu'un maintenant au moins l'illusion de savoir ce qu'il faisait. Mais rassuré, le Terran ne l'était pas lui-même en ce moment - parce qu'il se trouvait à côté de la porte menant au terminal principal de la station de communication Anchorage, dans le système Torus, et qu'il était plaqué au métal froid du mur, en espérant le coeur battant que les coups de feu n'allaient pas se rapprocher plus encore de sa position.

Soudain, un cri, un choc, et une traînée carmine éclaboussa l'autre côté du petit hublot de la porte. Ça y est, ça avait commencé. En fermant les yeux, Kévin essaya d'imaginer ce qui se passait de l'autre côté ...

_______________


Le fantassin avait volé contre le mur presque aussi facilement qu'une poupée, et le sang s'échappant de sa jugulaire tranchée macula le sas. Le fluide vital n'avait pas commencé à dégouliner que les quatre autres soldats en uniforme rouge dirigèrent leurs tirs vers le mitrailleur mort, en espérant massacrer l'horreur invisible qui s'était abattue sur lui. Le cadavre fut presque déchiqueté par les rafales d'armes automatiques de ses frères d'arme, mais rien n'y fit - un second fantassin, le plus avancé du groupe, hurla lorsque son fusil se retourna brusquement à un angle improbable entre ses mains, lui brisant les doigts avec un bruit écoeurant. Un autre craquement sonore, et le Terran s'affaissa sans tomber à terre, le cou désarticulé.

La situation était désespérée pour la garnison minuscule du Dominion - ils se faisaient abattre un à par un ennemi indétectable, à tel point que les survivants avaient été forcés de se retrancher dans cette salle. Le seul Marine à porter l'armure CMC-300 dominait de sa taille ses camarades, des simples gardes en protection plus légère, mais cela ne suffit pas à le protéger quand sa visière polarisée explosa sous les tirs précis et continus d'un pistolet automatique à balles perforantes. Celui-ci venait d'être arraché à la hanche du soldat désarticulé, et flottait mystérieusement dans le vide.

Plus que deux fantassins. Ils vidaient maintenant frénétiquement leurs fins de chargeurs en hurlant sur le pistolet tenu par l'être invisible, mais le cadavre affaissé joua son rôle de bouclier humain. Le corps au cou brisé tressauta à chaque impact de fusil, mais garda fermement sa position, comme maintenu avec force.

- C'est un fantôme ! lâcha en un souffle le plus vieux des deux troufions, tandis que les cliquettements de leurs armes vides retentirent dans la pièce.

En un geste désespéré, le vétéran balança son fusil d'assaut pour dégainer un long couteau de combat. L'acte se révéla toutefois vain quand le crâne de l'homme fut traversé par la dernière balle du pistolet flottant : le projectile pénétra son oeil droit au niveau de la visière de son casque. Le corps du fantassin tomba mollement en arrière.

Le dernier survivant, le conscrit Paxton, ne pût s'empêcher de perdre toute attitude militaire alors que sous ses yeux les contours d'une silhouette effilée commençaient peu à peu à apparaître, passant d'une fine ligne trouble et translucide à une combinaison furtive de dernière génération, maculée de sang. La tueuse - ses traits avaient quelque chose de féminin - le fixait profondément, toute expression de son visage masquée par un menaçant masque à gaz, qui évoquait au jeune homme une tête de mort. Elle portait une armure légère par dessus sa combinaison, et des cheveux roux surmontaient ses lunettes de vision augmentée. Pas un clignement de paupière, pas un coup d'oeil pour surveiller les alentours : la Ghost le dévisageait de son regard vert, artificiel et indescriptible.

L'assassin relâcha son étreinte sur le corps qu'elle tenait à bout de bras, et il tomba à terre avec un bruit de sac poubelle bien remplie. Elle jeta négligemment son arme de poing vide, et commença à marcher d'un pas mesuré vers le conscrit, sans détourner le regard. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait, Paxton pouvait discerner la respiration artificielle du Ghost. Malgré ce chuintement régulier et entêtant, il ne trouvait aucune force pour se retourner et fuir. De toute façon, il n'avait nul part où aller ... C'est pourquoi il se laissa presque tomber sur le dos quand la femme lui posa sa main sur le torse, et le poussa fortement en arrière Dans sa chute, il perdit son casque, qui alla rouler à terre dans un coin de la pièce.

Malgré sa peur, un rongement glacé qui lui parcourait comme un éclair la moelle des os et lui dévorait le coeur, le conscrit releva la tête pour observer cette incarnation de la Mort. Il eut le souffle légèrement coupé - de surprise, car elle ne pesait pas bien lourd - quand la tueuse s'assit sur lui, dans une position qui aurait presque suggérée des avances. Alors, sans un bruit, elle leva un bras à la musculature délicate, la main grande ouverte. Un bracelet décoré de runes brillait à son poignet, comme une relique des temps anciens. La femme ferma le poing, et une courte lame d'énergie pure, à la couleur bleu pâle, se matérialisa au bout du métal doré. Cette psy-blade d'origine Protoss était matérialisée physiquement grâce aux pouvoirs mentaux de son utilisateur : sa simple existence démontrait un potentiel psychique puissant, mais la longueur trahissait un esprit bien plus faible que celui d'un Zélote.

Le jeune homme frissonna, claquant des dents. Son visage reflétait sa jeunesse maintenant qu'il n'était plus masqué par son casque. Une épaisse plaque de sueur luisait sur son front, et la morve coulant de son nez confirmait que le conscrit était sur le point de faire une crise d'hystérie. Celui-ci respirait très rapidement, comme s'il était un noyé cherchant son air vital. La Ghost le fixait dans les yeux, comme elle le faisait depuis qu'elle s'était révélée, mais restait immobile, la lueur éthérée de sa lame baignant la scène.

Paxton ne savait pas ce qu'elle attendait, mais une idée désespérée germa dans son esprit embrumé par l'effroi. Ses mains tremblantes comme des feuilles, avec des gestes saccadés, le jeune homme prit son propre pistolet automatique. Avec maladresse, il le leva lentement, et commença à bégayer quand il en posa enfin le canon sur le front masqué de la Ghost, qui restait pour sa part d'une immobilité totale. La survie était à portée de main du soldat, il n'avait plus qu'à appuyer sur la gâchette. Les yeux grands ouverts, il lâcha un « Crève ! » paniqué et hystérique ... avant de se mettre à sangloter comme un enfant quand, malgré ses tentatives et toute sa volonté, il n'arriva pas à ordonner à son doigt de tirer. Luttant contre ses efforts, une étrange force semblait l'empêcher de faire partir le coup de feu, une résistance malsaine qui ne le laissait pas libre de ses actes.

Finalement, avec un geste lent mais ferme, la Ghost réagit en posant son index sur l'arme pour en écarter le canon de son front. Elle guida la main du conscrit ainsi jusqu'au sol, où le pistolet chût comme s'il avait perdu toute force. Alors, elle se pencha légèrement en avant, et avec des gestes presque doux, passa son bras libre derrière le cou du jeune homme pour lui faire relever son torse et l'attirer contre elle. Avec un cri de douleur glacée, le conscrit fut empalé sur la psy-blade, la pointe azure de la lame ressortant tel un scalpel dans son dos après avoir tranché sans difficulté son armure, son ventre et sa colonne vertébrale. En vomissant du sang sur l'épaule de la femme, Paxton se sentit partir.

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Le journaliste avait fini par rentrer dans la pièce. Montgomery avait attendu quelques dizaines de secondes après le dernier cri, pour prendre son courage à deux mains et enjamber le corps égorgé qui se trouvait affalé sur le pas de la porte.

La salle du terminal de communication était glacialement silencieuse. Seuls les ronronnements des consoles et ventilateurs de climatisation troublaient l'impression de vide dans laquelle baignait cette pièce mal éclairée. Mais ce n'était pas les informations privées du Dominion qui retenaient actuellement son attention, même s'il était ici pour ça. C'était la vision de la jeune femme, l'agent des Avengers qui avait été envoyé pour nettoyer avant son arrivée, qui chevauchait un cadavre éventré devant lui. Elle était totalement immobile, sa main pleine de sang levée en l'air. La lame psychique vacilla de manière chaotique quelques secondes, et disparut dans un vrombissement. Alors, sa main se mit à trembler fortement, bientôt suivie par son bras. La Ghost avait l'air d'une épileptique ainsi, et elle défit rapidement les lanières de son masque à gaz pour le jeter ailleurs. De son bras valide, les mâchoires serrées, la rousse décrocha un petit appareil à sa ceinture et le porta à son cou. Avec un bruit typique, le stimpack injecta son cocktail de saloperies chimiques dans le corps de la jeune femme, qui s'affaissa dans un soupir. Puis, elle rampa avec difficulté pour s'adosser au mur proche.

Bon sang, mais qu'ont-ils fait à cette jeune fille pour qu'elle finisse comme ça ? pensa le journaliste, qui tentait vainement de ne pas prendre une expression dépitée.

- Croyez-moi, Montgomery. Vous ne voulez pas savoir, lâcha la jeune femme de sa voix neutre mais où se faisait sentir de la faiblesse et la fatigue.

Flash lumineux. Le docteur. Le scalpel. Le père, allongé dans sa mare de sang.

- Écoutez, je ... commença à dire Kévin, avec le ton de celui qui voulait se frapper lui-même.
- Je sais, vous êtes désolé. Et moi je suis télépathe. Maintenant, fermez-là. Nous sommes ici pour quelque chose. Occupez-vous en, dit-elle en défaisant ses lunettes de vision augmentée pour les poser sur son ventre.

Le Terran soupira lourdement en apercevant son regard émeraude qui le fixait. Ses yeux reflétaient le vide et le froid, gâchant l'air juvénile de ses taches de rousseur. Kévin avait beau connaître la jeune femme depuis quelques mois, il était toujours aussi maladroit, n'arrivant jamais à oublier l'image timide et assez paumée qu'il avait eu d'elle à leur première rencontre. Et le travail que le journaliste avait accompli pour tenter de l'humaniser avait montré quelques progrès : même si elle réagissait encore plus à son nom d'agent Ghost qu'à son nom de famille, la jeune femme était presque capable de soutenir une conversation normale, du temps que le sujet porte sur ses très rares centres d'intérêts.

La Ghost soupira, en relevant la tête. Elle était psychique, après tout, et avait bien discernée la tristesse qu'avait engendrée sa réaction agressive. Mais bon, elle n'y pouvait rien, elle était toujours comme ça après un stimpack. En se passant la main sur le menton, elle commença à parler de sa voix basse et neutre :
- Le plus difficile, c'est de garder un barrage mental. Quand ils sont sur le point de mourir, les humains pensent tellement fort, c'est comme une radio dont le volume serait à son maximum : de vrais balises de désespoir et de peur .... Même vous, vous avez peur de moi, même si vous refusez de l'admettre à vous-même, acheva-t-elle.

Montgomery la regarda avec un air coupable, les yeux bas. Il savait que c'était sa manière à elle de s'excuser, en expliquant le pourquoi de la drogue énergétique. Mais sa dernière phrase ... Elle n'était pas si loin de la vérité. Elle avait même raison, finit-il par s'avouer. Même s'il était aussi proche qu'on pouvait l'être avec elle, le journaliste avait peur de la Ghost. Et cette vérité le déprima, car il savait qu'elle était actuellement en train de recevoir toutes les pensées qu'il émettait comme une gentille radio crétine. En rajustant ses lunettes, l'homme marcha d'un pas traînant vers la console de communication la plus proche, sans se retourner.

- J'ai ... J'ai juste besoin de faire une pause, dit-elle après un long silence. Ça demande beaucoup de concentration, ce genre de combats... Entre l'effort psychique pour lire en eux leurs intentions et esquiver leurs tirs, ne pas se laisser submerger par leurs émotions ...
- Les Zergs et les Protoss n'ont pas peur de la mort, hein ?

En tripotant le clavier de sa console, Montgomery finit par jeter un oeil derrière lui, à la recherche d'une réponse à sa question. Un fin sourire s'étala sur ses lèvres, quand il vit que la Ghost était recroquevillée sur elle-même, les yeux fermée et la bouche légèrement entrouverte. Sa respiration soulevait régulièrement sa poitrine. Le journaliste leva les yeux au ciel, et se remit au travail.

Tu as bien travaillé, agent Quasar. Laisse O'Hara dormir, maintenant.

_______________


- Hey ! Cap'taine Tarsonis ! Enfile ce gilet et saute dans le dropship, on à besoin d'toi !

Alors qu'il se concentrait sur son travail, le journaliste se remémorait peu à peu les raisons de sa présence en ces lieux. Le Marine qui était venu frapper à la porte de sa cabine pour lui jeter un gilet pare-balle au nez et lui annoncer qu'il était envoyé en mission ... Lui, un civil ?

- Yep, Cap'taine ! Notre techy en communications est cloué au lit avec une inflammation de la couille droite. T'es scribouillard, t'dois savoir te servir d'un appareil de comm'.

Capitaine Tarsonis ... Kévin haïssait ce sobriquet, qui lui avait été donné par l'équipage du Merrimack II depuis qu'on avait découvert qu'il conservait quelques comics de ce super-héros pour gosse Tarsonien. Et surtout que le journaliste en avait donné quelques uns à O'Hara, une des Ghosts du groupe.

O'Hara, alias agent Quasar, la Ghost sans prénom. Bah, au moins elle à lue mes b-d, pensa-t-il avec un ton revanchard. Il avait donc embarqué dans le dropship, pour se voir débarqué à proximité d'une station de communication affiliée au Terran Dominion, dans le système Torus. Voir que la rousse serait sa protection pour l'opération l'avait assez rassuré, et maintenant que Kévin était à la tâche, il se dit que finalement, ce n'était pas si compliqué : pirater les ordinateurs du relais pour décrypter les communications qui y passaient se révélait un jeu d'enfant.

Elle à des tâches de rousseur, et des yeux verts. Gènes irlandais, sans doute, et ... Oh, merde, c'est quoi ça ?

Du gros. C'était la première chose lui venant à l'esprit pour définir ce qu'il avait intercepté. Excité par sa découverte, Montgomery revint au début de la communication, et la visionna à nouveau. Celle-ci était un rapport détaillé sur un nouveau modèle de jet du Dominion : armé de roquettes, l'air fragile et un peu lent ... Sauf que, la communication était accompagnée d'une vidéo montrant les tests du chasseur, et notamment sa surprenante géométrie variable, lui permettant de se changer en marcheur de combat terrestre armé de canons vulcains.

Ils appellent ça le « Projet Viking ». Je dois absolument lui ...
- Je sais, le coupa dans ses pensées la jeune femme en s'étirant.
- Mais ... Depuis combien de temps vous êtes réveillée ? demanda le journaliste, gêné.
- Environ une minute, douze secondes et trois dixième. J'ai juste vue la vidéo.

La Ghost arrêta de lorgner sur l'écran et s'adossa au mur de manière plus confortable, inconsciente de la large trace de sang séché qu'elle y avait déposée. Puis, après quelques secondes d'immobilité, elle se pencha pour ramasser et passer ses lunettes de vision augmentée. Ses yeux disparurent, remplacés par les lentilles vertes du masque, et après y avoir tripotée quelques boutons, la jeune femme croisa les bras alors qu'une petite musique rock commençait à se faire entendre. Une de ses rares normalités - elle écoutait de la musique. Certes, toujours le même vieux groupé suranné, en boucle et sans jamais varier, mais de la musique.

- C'est du sérieux, ces plans ? demanda-t-elle.
- D'après le rapport, le projet à été validé par la plupart des instances militaires du Dominion.
- Johnston va faire pression pour persuader nos pilotes d'Ombre de passer au Goliath, et vice-versa. On pourrait revendre ça. Au Combinat Kel-Morian ?
- « Les vrais hommes creusent plus profond » ? Vous êtes à la bourre, O'Hara, le CKM travaille en sous-main pour le Dominion maintenant.
- Merde. Aux Umojiens, alors ? Le Protectorat ?
- Connaissant Johnston, on va le revendre à tout le monde pour se faire un maximum d'argent, et on ferait même payer le Dominion pour ses propres plans si on pouvait, conclut Montgomery en rigolant doucement.

Celui-ci reprit finalement son travail, notamment pour fouiller voir si il pouvait trouver autre chose sur le sujet. Après quelques recherches, il sauvegarda les données finales et les envoya au Merrimack II, en orbite. Les deux anciens confédérés restèrent muets plusieurs minutes, le journaliste occupé à partir à la recherche d'autres informations sensibles et à la Ghost de s'occuper comme elle pouvait.

- Vous avez vu les infos sur ces hélicoptères utilisés par Mengsk pour faire régner la loi sur ses planètes, au fait ? Y paraît même qu'ils ont recyclés le système de camouflage des Ombres sur ces trucs ... finit par demander la jeune femme, qui faisait les cent pas.
- J'ai l'impression que depuis que le Dominion à été quasiment rasé par l'UED et les Zergs, ils ont préférés réapprovisionner toutes les armées de Koprulu en partant dans l'innovation plutôt qu'en continuant à reconstruire du vieux matériel.
- On devrait y aller, Montgomery, dit soudainement O'Hara sans aucun rapport avec la conversation.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai entendu dire que le temps de réaction standard des forces militaires du Dominion pour protéger ses postes avancés est de seize ...

Kévin n'eut pas le temps de finir sa phrase, car une explosion secoua la station relais et retentit dans ses couloirs. Une bombe venait apparemment d'exploser quelque part. Le journaliste se releva, l'air nerveux, et commença à tripoter nerveusement sa radio pour appeler le transport d'évacuation.

- Seize heures, hein ? On dirait qu'ils ont fait des progrès. Restez en arrière, Montgomery.

O'Hara s'étirait et fit craquer ses phalange en disant ça. Elle marcha d'un pas calme pour aller ramasser son masque à gaz, et le revêtit silencieusement. Les stimpacks avaient donnés à son corps de quoi tenir jusqu'à la fin, et la sieste avait calmée son esprit agité. Il était temps pour elle d'accomplir le reste de sa mission, escorter le civil jusqu'au dropship et évacuer les lieux. Et tant pis si pour cela, elle devait se frayer un chemin parmi les Reapers qui attaquaient la station, Torus étant leur système de formation et entraînement.

Tant pis. De toute façon, cela faisait longtemps qu'elle avait perdue son innocence. Un autre bain de sang ne changerait rien pour elle.
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